De victime à soutenir des victimes – L’histoire de Susheel

Livrer des journaux à Etobicoke a été le tout premier emploi de Susheel Gupta. Il avait 12 ans. Le dimanche 23 juin 1985, la vie de Susheel ainsi que celle de son père et de son frère ont changé à jamais.

Ramwati, la mère de Susheel, était l’une des 329 personnes à bord du vol 182 d’Air India lorsque celui-ci a explosé en plein vol, au large de l’Irlande. Ramwati a été victime de la plus grande attaque terroriste jamais perpétrée contre des citoyens canadiens.

Lorsque son père lui a annoncé le décès de sa mère, l’éthique de travail que lui avaient inculquée ses parents immigrants s’est éveillée et Susheel a commencé à livrer ses journaux.

L’éthique de travail de Susheel continue encore aujourd’hui. En plus de son travail bénévole en tant que président du conseil d’administration du Centre canadien de ressources pour les victimes de crimes, Susheel est membre du groupe de travail national de l’Association canadienne des chefs de police (ACCP) sur l’intervention auprès des victimes de terrorisme et de violence de masse et membre de l’International Network Supporting Victims of Terrorism and Mass Violence (INVICTM).

Récemment, Susheel a pris le temps d’écrire ces quelques mots aux adeptes du CCRVC :
Chers supporters du CCRVC,

Depuis la tragédie qui m’a profondément touché, ainsi que ma famille, j’ai fait de ma carrière professionnelle et de ma mission personnelle d’aider les victimes du terrorisme et d’actes criminels.

Je faisais cela depuis déjà plusieurs décennies lorsque le CCRVC m’a contacté simplement pour me demander s’il pouvait faire quelque chose pour moi. Ils l’ont fait sans rien attendre en retour. Ce contact m’a encouragé à me joindre à eux pour porter une attention au système judiciaire, par empathie envers les communautés et par bienveillance à l’endroit des victimes.

Je me suis engagé davantage lorsque j’ai vu l’impact que le CCRVC avait sur les gens à travers le pays. Je savais que je devais rester impliqué. J’ai vu les diverses facettes du soutien que le Centre offre, notamment les groupes de soutien, le soutien par écrit, la défense des droits et intérêts de personnes qui se trouvent en situation de grande fragilité, après avoir été victimes d’un crime, auprès du gouvernement fédéral et des législatures provinciales.

Le CCRVC était là pour serrer ces personnes dans ses bras, pour être leur voix et leur défenseur. En tant qu’avocat de formation, je sais combien il est important d’avoir quelqu’un sur qui s’appuyer, qui vous défende, qui soit votre défenseur, surtout lorsque vous êtes une victime innocente d’un acte criminel.

Lorsqu’un crime est commis, il ne dure pas que l’instant d’une seule journée, il ne s’agit pas d’un simple incident. Il a des répercussions sur toute la vie de la victime et de ses proches. Il affecte également nos communautés et notre pays tout entier. C’est pourquoi il est important d’avoir des organismes comme le Centre canadien de ressources pour les victimes de crimes, afin d’être là tout au long de la vie d’une victime de crime.

La nature du crime commis contre ma mère et ma famille est très publique. Non seulement nous nous rappelons sa mort à chacun de ses anniversaires, mais nous partageons le deuil avec la population à l’échelle nationale tous les 23 juin.

Il a fallu presque vingt ans pour que le procès suive son cours. C’était un rappel constant. Nous avons été impliqués avec le système de justice pénale pendant plus de deux décennies. C’est ma souffrance qui a alimenté mon désir d’aider d’autres victimes à l’avenir.

Le CCRVC joue un rôle remarquable en aidant à réaliser ce rêve.

Pourquoi soutenir le CCRVC ?

Le CCRVC fonctionne grâce aux dons. Ce soutien leur permet de faire plus que de simplement tenir la main des victimes. Le personnel travaille dans le feu de l’action.

Que ce soit de rédiger les déclarations des victimes, d’assister aux audiences de la Commission de libération conditionnelle ou de donner des conseils sur les droits à l’indemnisation des victimes. Le CCRVC rend les gens plus forts. Il aide les gens à retrouver une certaine forme de normalité. Il aide les gens à retourner au travail. Il améliore la vie de tous les Canadiens et toutes les Canadiennes.

Lorsqu’une personne se trouve dans une période de vulnérabilité émotionnelle et de traumatisme, elle a besoin d’un soutien de confiance pour faire face au cauchemar bureaucratique et à toutes les choses à accomplir. C’est accablant et nous devons nous assurer que le CCRVC est là pour aider.

Le bien-être mental, émotionnel et physique d’une personne si innocente, si démunie, est facilité lorsqu’elle peut compter sur une épaule de confiance sur laquelle pleurer et sur quelqu’un qui l’aide à se remettre sur pied, à faire face à la douleur et à la souffrance qu’elle endure.

Les victimes sont des personnes purement innocentes qui n’ont pas provoqué le sort qu’elles doivent subir. Elles méritent notre soutien.

Si vous lisez ces lignes, vous soutenez le CCRVC ou vous y pensez peut-être. Vous jouez un rôle important dans la création de leur résilience.

Votre compassion, votre empathie en tant que donateur aide les victimes qui peuvent parfois être facilement oubliées.

Le CCRVC n’oublie jamais. Il ne pourrait pas faire ce qu’il fait sans vous.

Merci,

Susheel Gupta, président, Centre canadien de ressources pour les victimes de crimes